Pour Esteban Ocon et BWT Alpine F1 Team, le retour à Monaco rappelle de bons souvenirs de l’édition organisée l’an dernier.

 

 

Esteban était parti et s’était classé troisième pour signer un podium que personne n’aurait pu imaginer en début de semaine. Sa performance était soutenue par la septième place de Pierre Gasly.

 

 

Pierre et Esteban avaient terminé huitième et neuvième de la course précédente à Miami. Juste avant cela, l’équipe avait connu un week-end compliqué à Bakou. Il était donc difficile de prédire une telle forme à Monaco même si Esteban se sentait encouragé par ses passages au simulateur d’Enstone.

 

 

« Notre voiture se comportait plutôt bien sur le plan de l’équilibre, mais la concurrence était rude et je ne m’attendais pas à ce que nous soyons aussi rapides », se souvient-il. « J’ai toutefois l’impression que vous pouvez davantage faire la différence au volant à Monaco. Et si vous avez une monoplace qui tourne bien et que vous pouvez la placer où vous le voulez, vous pouvez être performant et gagner en confiance.

 

 

C’est ce qu’il s’est passé l’an dernier. Dès les EL1, j’étais déjà confiant et j’ai pu attaquer à chaque tour, ce que je n’avais jamais eu la capacité de faire dans le passé, exception faite de 2021 peut-être. J’ai pu me raser les rails assez vite et cela a fait la différence sur ce week-end. »

 

 

Vendredi, Esteban était huitième des EL1 et dixième de la deuxième séance, juste derrière Pierre.

 


Le lendemain, Pierre et Esteban étaient sixième et neuvième des EL3, l’ultime occasion de préparer les voitures avant les qualifications. Il était devenu évident que les A523 seraient de sérieuses prétendantes au top dix, et le duo s’est bel et bien extirpé des Q1 et Q2 pour atteindre la session finale.

 

 

La suite a surpassé toutes les attentes. Parmi les premiers pilotes à entamer sa dernière tentative en Q3, Esteban s’est soudainement hissé en tête de la feuille des temps.

 


En retournant aux stands alors que d’autres bouclaient leurs tours, il a rétrogradé dans la hiérarchie, ce qu’il a ensuite appelé en plaisantant la « chute de la mort ».

 

 

« Ce moment-là était horrible », se rappelle-t-il. « Vous vous voyez en pole et vous vous demandez ce qu’il se passe. Et c’était tellement serré que je me suis interrogé sur ce qui aurait pu arriver si j’avais pris un peu mieux tel ou tel virage même si c’était honnêtement un très bon tour. »

 

 

Seuls Max Verstappen, Fernando Alonso et Charles Leclerc étaient finalement plus rapides que lui. Ce dernier a toutefois écopé d’une pénalité, promouvant Esteban au troisième rang de la grille de départ. En parallèle, Pierre se montrait solide pour se classer septième.

 

 

Esteban note également son absence de remords sur le fait de ne pas être resté en piste jusqu’à la fin : « Je pense que cela n’a fait aucune différence. Trente secondes ne changent pas beaucoup de choses pour l’évolution de la piste, donc aucun regret là-dessus, avec une voiture qui n’était pas censée bien se qualifier là-bas. Nous avons été bons à plusieurs reprises cette saison-là. »

 

 

Du samedi soir au dimanche matin, l’équipe s’est concentrée sur la façon de convertir cette position sur la grille en podium. Cela ne s’annonçait pas simple avec Carlos Sainz, Lewis Hamilton et Charles Leclerc derrière Esteban.

 

 

« Je n’y ai pas trop pensé au début », explique Esteban. « Je me suis dit que la plus grande partie du week-end était derrière nous. À Monaco, il faut toujours passer et réussir ses qualifications. Ensuite, la course n’est que du plaisir. Vous la savourez, et c’est ce que j’ai essayé de faire. »

 

 

L’après-midi était toutefois loin d’être aisée. Esteban se retrouvait sous pression tout au long de l’épreuve, et les risques d’averses corsaient le défi du muret des stands.

 

 

« J’aurais évidemment préféré une course simple en restant tout le temps troisième », dit-il. « La pluie était néanmoins de la partie. Carlos m’a également percuté à l’arrière, ce qui a endommagé mon plancher. J’ai roulé en slicks sur le mouillé pendant deux tours et je me suis arrêté au bon moment en suivant la météo. »

 

 

Le moment exact de son pit-stop n’était pas des plus simples à trouver non plus.

 

 

« C’était extrêmement dur, parce que l’intensité de la pluie augmentait toujours un peu plus », se remémore-t-il. « Je me rappelle avoir demandé aux ingénieurs ce que nous devrions faire si cela s’intensifiait ou si cela ne s’arrêtait pas. Ils m’ont dit qu’il allait continuer à pleuvoir, donc j’ai décidé de rentrer. Je me souviens que Carlos a tiré tout droit dans la descente après le Casino.

 

 

Pareil pour George Russell. Nous devions littéralement négocier ce virage à droite en freinant en haut de la colline, car il n’y avait aucune adhérence dans la descente. Il fallait ralentir si tôt que l’on ne pouvait pas prendre de vitesse, ce qui rendait le tout extrêmement glissant. C’était chaud à un moment à la Rascasse, j’ai perdu l’arrière, et j’étais presque face au rail ! »

 

 

Le passage aux intermédiaires ne rendait pas les choses beaucoup plus faciles : « Je me suis ensuite battu avec Lewis jusqu’à la fin, ce que j’avais déjà dû faire en 2022. J’avais alors reçu une pénalité pour une défense trop rugueuse, quelque chose du genre. Nous nous étions touchés à plusieurs reprises, donc je m’en suis souvenu ! Cette fois, j’ai réussi à le maintenir à bonne distance, mais il était rapide. Et nous avons franchi la ligne d’arrivée en troisième position. C’était incroyable. Nous ne nous étions pas trompés et nous avions optimisé le week-end. En tant que pilote, monter sur le podium à Monaco est bien sûr plus que spécial. »

 

 

Si Esteban souligne que le pilote peut avoir plus d’influence à Monaco qu’ailleurs, il ne se fait cependant aucune illusion sur le défi auquel l’écurie sera confrontée cette année, malgré les points inscrits sur le circuit urbain de Miami.

 

 

« Je pense que nous devons garder les pieds sur terre », dit-il. « Tout le monde va travailler dur pour essayer d’avoir une voiture décente sur ce tracé. Nous faisons évidemment de bonnes choses pour progresser. Nous effectuons de petits pas, mais un seul dixième peut nous faire passer de notre position à Miami à quatre ou cinq places plus loin, et tout change alors. Certaines équipes bénéficieront également d’évolutions pouvant faire une différence significative. Nous devons étudier la situation et tout tenter de notre mieux. Nous voir dans le top dix chaque semaine n’est pas réaliste à l’heure actuelle. »